lundi 17 décembre 2012

50 Shades of Grey - 50 Shades of fucked up

Un billet aujourd'hui qui change du ton général de ce blog puisque j'ai envie de partager mon avis sur le livre qui fait parler tout le monde cette année, à savoir 50 Shades of Grey.

AVERTISSEMENT : langage explicite dans ce billet.

L'internet mondial s'est emparé du phénomène écrit par E.L James en 2011, à l'origine fan fiction basée sur Twilight et ses deux héros Edward et Bella, puis réécrit par son auteur pour être plus "libre" dans le ton et le thème employés. Parce qu'on n'y parle plus de vampires qui scintillent au soleil de l'état de Washington mais de sexe qui se passe entre Seattle et Portland. Et pas n'importe quel genre de sexe, le BDSM. Le type d'activité qu'on ne crie pas sur les toits, genre "eh salut, moi ce qui m'excite c'est d'attacher ma partenaire au lit, la fouetter puis la prendre violemment pour la faire jouir". Ou bien encore "la domination j'adore, quand ma soumise n'est pas sage, je lui mets des fessées". Vous êtes prévenus, si ça vous choque, passez votre chemin.

Ça raconte quoi ?

Anastasia, jeune godiche naïve de 22 ans, rencontre Christian Grey, homme d'affaires richissime de 27 ans, beau comme un dieu, mystérieux, dangereux mais tellement excitant.
Dit comme ça, n'importe quelle histoire d'amour pour adolescentes en fleur peut commencer ainsi. Ben oui, mais méga twist, le Christian Grey, tout attirant qu'il est,  il veut Anastasia pour lui faire des trucs un peu olé-olé avec des instruments de toutes sortes. On change de registre donc.
Pour corser le tout, il veut lui faire signer un contrat établi par un avocat (ça rigole pas quand on a du pognon) qui stipule les règles de domination / soumission qu'il veut instaurer avec elle. Tout l'enjeu du bouquin est donc signera, signera pas.

Et alors ? Tu en as pensé quoi ?

J'avais dit que je ne le lirais pas. Les extraits lus ici ou là ne m'avaient pas donné envie, et j'ai d'autres livres en cours, beaucoup plus intéressants. Mais rattrapée par la curiosité, je l'ai téléchargé (je ne l'ai pas piraté, il est sorti en e-book gratuit). Y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et je voulais pouvoir en dire du mal (ou du bien après tout) en toute connaissance de cause.
De plus, il paraitrait que l'industrie cinématographique veut s'emparer de cette source d'agent facile puisque adapter un best seller, ça rapporte un max. Des noms d'acteurs ont commencé à circuler, la blogo est en émoi devant le potentiel érotique de certains, notamment le très sexy et charismatique Matt Bomer. J'avoue que sachant cela, mon imagination l'a sans problème associé à Christian Grey durant ma lecture. Par contre, pour Anastasia, je ne sais pas et je m'en fous. Parce qu'il va falloir une sacrée actrice pour supporter ce rôle et surtout s'en remettre et continuer à travailler par la suite. Le business peut être cruel pour les actrices faisant des choix audacieux et risqués.


Hey baby, I want you now

Décrit par certains journalistes américains comme du "mommy porn" (porno pour mère de famille quoi), je ne pourrais pas comparer, je n'ai pas l'habitude de ce genre de "littérature". Sans point de comparaison, mon avis est donc pur, non pollué, vierge de tout à priori.
Je l'ai lu en anglais, je ne sais donc pas ce que la traduction française vaut. Donc en VO, c'est mal écrit : truffé de fautes de syntaxe, grammaire, de répétitions, de coquilles insupportables, de figures de style improbables et énervantes qui montrent la pauvreté de son écriture, ainsi que le manque d'édition avant publication. Ça devient difficile lorsque l’héroïne passe son temps à se mordre la lèvre et que ça donne envie à Christian de la prendre sur le champ pour lui apprendre la vie. C'est douloureux lorsqu'Ana dit fuck toutes les trois lignes, et horripilant lorsqu'elle parle de sa "inner goddess" (déesse intérieure) qui fait des bonds d'excitation ou qui part se cacher derrière un canapé tout aussi intérieur. Tellement de moments qui me font questionner le niveau intellectuel de ceux qui crient au génie. Personnellement, j'ai envie de hurler à l'imposture, au travail bâclé. Et surtout, cela jette un discrédit énorme sur les talentueux anonymes qui aiguisent leur style sur les fan fictions. A une époque de ma vie, je dévorais les FF de certains fandoms et j'ai lu des choses de qualité où on prenait soin de relire ce qu'on écrivait et d'enrichir le vocabulaire pour que la lecture soit agréable.

Concernant l'histoire en elle-même... je n'ai rien contre les personnes pratiquant le bondage, la domination, la soumission... ce qui se passe entre adultes consentants derrière les portes closes ne me regarde pas. Par contre, ce qui me dérange ici c'est le choix de l'auteur d'avoir créé un personnage féminin innocent et vierge qui découvre le sexe avec un dominant. Leur premier rapport est cependant "soft" dans les actes mais reste d'une violence assez inouïe pour une première fois. J'imagine les jeunes filles lisant ça et pensant que c'est "la norme". Si leur premier rapport est un peu mouvementé, elles se diront que c'est normal.
De plus, j'ai envie de crier au mensonge éhonté puisque Anastasia se tape un orgasme à chaque rapport sexuel. Soit Christian est une bête de sexe et là il m'en faut un comme ça, soit E.L James essaye de nous faire croire que le sexe est forcément efficace et que les femmes prennent leur pied comme des dingues tout le temps. Si tu ne jouis pas à chaque fois c'est que tu es frigide ! Au bûcher les simulatrices, vous n'existez pas ! Et celles qui ont un orgasme tous les 36 du mois, c'est de la faute de votre partenaire, il s'y prend comme un manche !
Non mais. On nous prend pour quoi ? Quel genre de message essaye-t-elle de faire passer ? Quelle vision de la femme a-t-elle ? Parce que pour continuer dans le sordide, Anastasia passe son temps à douter sur cette relation, elle se rend compte que ce n'est pas normal mais elle continue, parce qu'elle l'aime. Et même si Christian lui dit à maintes reprises que ce genre de relation est tout ce qu'il connait, tout ce qu'il accepte, elle reste. Pour le changer ? Possible. Pour moi, c'est le type même d'une relation toxique. Ils ne veulent pas la même chose mais essayent par tous les moyens de faire changer l'autre. Un climat malsain s'installe alors rapidement dans la lecture.
J'ai à plusieurs reprises voulu arrêter net, refermer le PDF et passer à autre chose. Mais rien n'y a fait, il fallait que je le termine, il fallait que je vois jusqu'où cela pouvait aller, jusqu'où Christian pouvait-il entrainer Anastasia, pouvait-il être encore plus glauque ? Loin de moi l'idée de diaboliser Grey. E.L James a su lui créé un passé mystérieux, "bref, j'ai des fêlures" qui explique bien des choses dans son comportement. Ils ont finalement tous les deux des tords.
C'est une œuvre en trois partie. Je n'ai lu que la première. Vu le sentiment de malaise et de dégoût que cela m'a laissé, je ne suis pas sûre de vouloir lire la suite. Comment pourront-ils se faire encore plus mal ?

Et une question me taraude : si film il y a, sera-t-il interdit aux moins de 18 ans avec des avertissements dans tous les sens ?

3 commentaires:

  1. Super intéressant comme article. Je vois en ce moment tout le monde (youtubeuses notamment) dire qu'elles adorent etc.
    Il faut savoir, moi à la base je suis une grosse lectrice d'Harlequins... même pas honte x) Mais là, après avoir lu ton article j'avoue qu'il m'emballe moyen. Ca fait trop porno pour moi, trop fake. Encore quelque chose qui va faire croire aux jeunes que c'est ainsi que ça se passe dans une relation homme/femme. On rejoue de manière extrême l'inégalité hommes/femmes qui se joue dans notre société, marre d'être toujours celles dominées.
    Et pis si en plus c'est mal écrit non merci.

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    1. J'ai lu des tonnes d'Harlequin aussi ! C'est très soft, ça te fait rêver, je rencontre un mec comme Christian Grey, je me barre en courant !

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  2. Perso je trouve des points positifs et d'autre négatif, mais je pense que si il sort en film j'irai le voir!

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lundi 17 décembre 2012

50 Shades of Grey - 50 Shades of fucked up

Un billet aujourd'hui qui change du ton général de ce blog puisque j'ai envie de partager mon avis sur le livre qui fait parler tout le monde cette année, à savoir 50 Shades of Grey.

AVERTISSEMENT : langage explicite dans ce billet.

L'internet mondial s'est emparé du phénomène écrit par E.L James en 2011, à l'origine fan fiction basée sur Twilight et ses deux héros Edward et Bella, puis réécrit par son auteur pour être plus "libre" dans le ton et le thème employés. Parce qu'on n'y parle plus de vampires qui scintillent au soleil de l'état de Washington mais de sexe qui se passe entre Seattle et Portland. Et pas n'importe quel genre de sexe, le BDSM. Le type d'activité qu'on ne crie pas sur les toits, genre "eh salut, moi ce qui m'excite c'est d'attacher ma partenaire au lit, la fouetter puis la prendre violemment pour la faire jouir". Ou bien encore "la domination j'adore, quand ma soumise n'est pas sage, je lui mets des fessées". Vous êtes prévenus, si ça vous choque, passez votre chemin.

Ça raconte quoi ?

Anastasia, jeune godiche naïve de 22 ans, rencontre Christian Grey, homme d'affaires richissime de 27 ans, beau comme un dieu, mystérieux, dangereux mais tellement excitant.
Dit comme ça, n'importe quelle histoire d'amour pour adolescentes en fleur peut commencer ainsi. Ben oui, mais méga twist, le Christian Grey, tout attirant qu'il est,  il veut Anastasia pour lui faire des trucs un peu olé-olé avec des instruments de toutes sortes. On change de registre donc.
Pour corser le tout, il veut lui faire signer un contrat établi par un avocat (ça rigole pas quand on a du pognon) qui stipule les règles de domination / soumission qu'il veut instaurer avec elle. Tout l'enjeu du bouquin est donc signera, signera pas.

Et alors ? Tu en as pensé quoi ?

J'avais dit que je ne le lirais pas. Les extraits lus ici ou là ne m'avaient pas donné envie, et j'ai d'autres livres en cours, beaucoup plus intéressants. Mais rattrapée par la curiosité, je l'ai téléchargé (je ne l'ai pas piraté, il est sorti en e-book gratuit). Y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et je voulais pouvoir en dire du mal (ou du bien après tout) en toute connaissance de cause.
De plus, il paraitrait que l'industrie cinématographique veut s'emparer de cette source d'agent facile puisque adapter un best seller, ça rapporte un max. Des noms d'acteurs ont commencé à circuler, la blogo est en émoi devant le potentiel érotique de certains, notamment le très sexy et charismatique Matt Bomer. J'avoue que sachant cela, mon imagination l'a sans problème associé à Christian Grey durant ma lecture. Par contre, pour Anastasia, je ne sais pas et je m'en fous. Parce qu'il va falloir une sacrée actrice pour supporter ce rôle et surtout s'en remettre et continuer à travailler par la suite. Le business peut être cruel pour les actrices faisant des choix audacieux et risqués.


Hey baby, I want you now

Décrit par certains journalistes américains comme du "mommy porn" (porno pour mère de famille quoi), je ne pourrais pas comparer, je n'ai pas l'habitude de ce genre de "littérature". Sans point de comparaison, mon avis est donc pur, non pollué, vierge de tout à priori.
Je l'ai lu en anglais, je ne sais donc pas ce que la traduction française vaut. Donc en VO, c'est mal écrit : truffé de fautes de syntaxe, grammaire, de répétitions, de coquilles insupportables, de figures de style improbables et énervantes qui montrent la pauvreté de son écriture, ainsi que le manque d'édition avant publication. Ça devient difficile lorsque l’héroïne passe son temps à se mordre la lèvre et que ça donne envie à Christian de la prendre sur le champ pour lui apprendre la vie. C'est douloureux lorsqu'Ana dit fuck toutes les trois lignes, et horripilant lorsqu'elle parle de sa "inner goddess" (déesse intérieure) qui fait des bonds d'excitation ou qui part se cacher derrière un canapé tout aussi intérieur. Tellement de moments qui me font questionner le niveau intellectuel de ceux qui crient au génie. Personnellement, j'ai envie de hurler à l'imposture, au travail bâclé. Et surtout, cela jette un discrédit énorme sur les talentueux anonymes qui aiguisent leur style sur les fan fictions. A une époque de ma vie, je dévorais les FF de certains fandoms et j'ai lu des choses de qualité où on prenait soin de relire ce qu'on écrivait et d'enrichir le vocabulaire pour que la lecture soit agréable.

Concernant l'histoire en elle-même... je n'ai rien contre les personnes pratiquant le bondage, la domination, la soumission... ce qui se passe entre adultes consentants derrière les portes closes ne me regarde pas. Par contre, ce qui me dérange ici c'est le choix de l'auteur d'avoir créé un personnage féminin innocent et vierge qui découvre le sexe avec un dominant. Leur premier rapport est cependant "soft" dans les actes mais reste d'une violence assez inouïe pour une première fois. J'imagine les jeunes filles lisant ça et pensant que c'est "la norme". Si leur premier rapport est un peu mouvementé, elles se diront que c'est normal.
De plus, j'ai envie de crier au mensonge éhonté puisque Anastasia se tape un orgasme à chaque rapport sexuel. Soit Christian est une bête de sexe et là il m'en faut un comme ça, soit E.L James essaye de nous faire croire que le sexe est forcément efficace et que les femmes prennent leur pied comme des dingues tout le temps. Si tu ne jouis pas à chaque fois c'est que tu es frigide ! Au bûcher les simulatrices, vous n'existez pas ! Et celles qui ont un orgasme tous les 36 du mois, c'est de la faute de votre partenaire, il s'y prend comme un manche !
Non mais. On nous prend pour quoi ? Quel genre de message essaye-t-elle de faire passer ? Quelle vision de la femme a-t-elle ? Parce que pour continuer dans le sordide, Anastasia passe son temps à douter sur cette relation, elle se rend compte que ce n'est pas normal mais elle continue, parce qu'elle l'aime. Et même si Christian lui dit à maintes reprises que ce genre de relation est tout ce qu'il connait, tout ce qu'il accepte, elle reste. Pour le changer ? Possible. Pour moi, c'est le type même d'une relation toxique. Ils ne veulent pas la même chose mais essayent par tous les moyens de faire changer l'autre. Un climat malsain s'installe alors rapidement dans la lecture.
J'ai à plusieurs reprises voulu arrêter net, refermer le PDF et passer à autre chose. Mais rien n'y a fait, il fallait que je le termine, il fallait que je vois jusqu'où cela pouvait aller, jusqu'où Christian pouvait-il entrainer Anastasia, pouvait-il être encore plus glauque ? Loin de moi l'idée de diaboliser Grey. E.L James a su lui créé un passé mystérieux, "bref, j'ai des fêlures" qui explique bien des choses dans son comportement. Ils ont finalement tous les deux des tords.
C'est une œuvre en trois partie. Je n'ai lu que la première. Vu le sentiment de malaise et de dégoût que cela m'a laissé, je ne suis pas sûre de vouloir lire la suite. Comment pourront-ils se faire encore plus mal ?

Et une question me taraude : si film il y a, sera-t-il interdit aux moins de 18 ans avec des avertissements dans tous les sens ?

3 commentaires:

  1. Super intéressant comme article. Je vois en ce moment tout le monde (youtubeuses notamment) dire qu'elles adorent etc.
    Il faut savoir, moi à la base je suis une grosse lectrice d'Harlequins... même pas honte x) Mais là, après avoir lu ton article j'avoue qu'il m'emballe moyen. Ca fait trop porno pour moi, trop fake. Encore quelque chose qui va faire croire aux jeunes que c'est ainsi que ça se passe dans une relation homme/femme. On rejoue de manière extrême l'inégalité hommes/femmes qui se joue dans notre société, marre d'être toujours celles dominées.
    Et pis si en plus c'est mal écrit non merci.

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    1. J'ai lu des tonnes d'Harlequin aussi ! C'est très soft, ça te fait rêver, je rencontre un mec comme Christian Grey, je me barre en courant !

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